Elsa Conesa - 13 mai 2009
La dégradation de la qualité du crédit ainsi que l'accroissement des risques de marché constatés à la fin 2008 provoquent une surconsommation de fonds propres calculés selon les critères imposés par Bâle II à laquelle les banques américaines ne sont pas soumises.
Pour les banques européennes, la crise a un double effet ravageur. Elle affecte évidemment les revenus et la qualité des actifs mais, en plus, ses effets sont amplifiés par les règles de solvabilité liées à Bâle II qu'elles appliquent depuis début 2008.
Une double peine à laquelle les banques américaines, qui n'appliquent pas encore ces nouvelles normes, ne sont pas soumises. A l'origine, les règles prudentielles de Bâle II devaient permettre aux banques d'affiner leur mesure du risque en prenant en compte non seulement le risque de crédit mais aussi le risque de marché et le risque opérationnel dans le calcul des encours pondérés. Ces mesures devaient symétriquement permettre de mieux évaluer la consommation de fonds propres alloués et d'obtenir in fine des ratios de solvabilité Tier-1 plus fidèles à la réalité. Les banques françaises ayant en outre opté pour la méthode dite avancée, elles calculent elles-mêmes leurs risques de crédit.
Avec Bâle II, la dégradation de la situation financière des entreprises et l'accroissement de la volatilité sur les marchés coûtent très cher en fonds propres. L'abaissement de la note d'un client provoque, par exemple, si une provision est constatée, une surconsommation de fonds propres qui n'existait pas avec Bâle I. Certains l'évaluent entre 15 % et 50 % de plus par rapport à Bâle I. Les banques, qui gèrent leur capital au plus près, tendent alors à reporter les provisions.
« Elles préfèrent attendre la situation de défaut et traiter les dossiers au cas par cas », dit un banquier. Une attitude qui se ressent dans le traitement de la dette LBO. « Au cours du ecycle précédent, les banques anticipaient les défauts et passaient des provisions, ce qui leur permettait de lisser les résultats. Avec Bâle II, cela consomme trop de fonds propres, elles font tout pour différer le traitement des dossiers problématiques. La démarche s'est jusqu'à présent révélée payante car aucun gros dossier de LBO n'a fait défaut pour l'instant. »
Répercussions sur la VaR
Les effets cumulés de la crise et de Bâle II vont en outre se ressentir dans les risques de marché. La forte volatilité de la fin 2008 s'est répercutée sur la VaR (« value at risk »). Cet indicateur, qui mesure les risques de marché constatés au cours des 250 derniers jours, entre dans le calcul des risques de marché. Au dernier trimestre, la VaR des établissements qui ont des activités de marché a bondi, doublant même chez certains.
Cet accroissement brutal va perdurer dans le calcul des VaR moyennes jusqu'à la fin de l'année. « Entre janvier 2008 et janvier 2009, la même position de marché consommait 2,5 fois plus de VaR », constate un dirigeant de banque d'investissement. En d'autres termes, il faut 2,5 fois plus de fonds propres en ce début d'année pour la même position de marché qu'il y a un an.
No comments:
Post a Comment